C’est sûr, la transition numérique est un des prochains défis à relever pour la protection sociale. Qu’il s’agisse de la sécu, des complémentaires santé, de la retraite et de la prévoyance, de la dépendance et du champ du handicap, de la petite enfance et du reste, on y aura droit ! Mais le progrès technique n’aura de sens que s’il s’accompagne d’un progrès humain pour toutes et tous.
Une aubaine pour réaliser des économies
Les organismes, établissements et autres structures ont déjà mis le pied à l’étrier, voyant dans la gestion dématérialisée une aubaine pour réaliser des économies… et augmenter leurs performances financières.
En interne, ils ont lancé la facilitation du traitement des données comptables et du personnel, la simplification des échanges, l’immédiateté des services de messagerie.
En externe, le numérique sert comme vitrine commerciale à moindre coût, ou pour l’optimisation financière du service des prestations.
Et voici les usagers, adhérents et clients, propulsés vers des « espaces personnels » qui leur promettent monts et merveilles…
Le retour de la puissance publique
Mais, comme au billard, un coup se joue en plusieurs bandes. Dans le champ purement professionnel, la transition numérique bouscule les acteurs établis avec l’intermédiation de plateformes qui les concurrencent sur les mêmes services.
L’intérêt d’un État de droit, providence, limite interventionniste, se redécouvre. La puissance publique est intimée de livrer sans délai sécurisation des informations et protection des libertés individuelles et des données.
Et l’humain là-dedans ?
Les bénéficiaires sont obligés de surfer et d’acclimater un nouveau vocabulaire pour accéder à leurs droits et être couverts du mieux possible.
« Attention à la fracture numérique territoriale et sociale », a mis en garde Louis Gallois, le parrain de la promotion « Protection sociale et transition numérique » de l’Institut des hautes études de protection sociale, et président de la Fédération des acteurs de la solidarité.
On est d’accord : le progrès technique de la numérisation n’aura de sens que s’il s’accompagne d’un progrès humain pour toutes et tous.
Un défi relevable, à condition que les représentants de la société civile y prennent part et que les politiques en conçoivent un projet de société sur la base de valeurs partagées.
Sommaire du dossier
- Article 01 - Le graal du numérique : de l’aubaine aux valeurs
- Article 02 - L’intelligence artificielle n’est pas (encore ?) capable de faire preuve d’intelligence sociale
- Article 03 - L’économie numérique influe-t-elle sur les formes de travail et la protection sociale ?
- Article 04 - L’innovation numérique en santé : quels enjeux ?
- Article 05 - Comment réussir la mise en place d’un portail unique de droits sociaux ?
- Article 06 - Le numérique un levier de changement dans l’organisation du travail
- Article 07 - Le Royaume Uni mise sur le numérique pour réformer sa protection sociale
- Article 08 - La formation numérique, un enjeu pour toute la vie
- Article 09 - La révolution numérique exige un projet de citoyenneté sociale
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