
La loi ESS donne une définition de l’utilité sociale

La loi relative à l’économie sociale et solidaire, adoptée le 21 juillet dernier par le Parlement et promulguée le 31 juillet 2014, affiche l’ambition de faire reconnaître l’ESS comme un mode d’entreprendre spécifique. Le texte détaille ainsi les critères constitutifs de l’ESS et donne une définition de l’utilité sociale, notion au cœur de la reconnaissance des entreprises du secteur.
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Nouveaux outils et moyens : la loi ESS dope le secteur
voir le sommaireEst ainsi considérée relevant du secteur toute structure qui poursuit un objectif d’utilité sociale, c’est-à-dire qui remplit au moins l’une des trois conditions suivantes : avoir pour objectif d’apporter un soutien à des personnes en situation de fragilité, « contribuer à la lutte contre les exclusions et les inégalités sanitaires, sociales, économiques et culturelles, à l’éducation à la citoyenneté, […] à la préservation et au développement du lien social ou au maintien et au renforcement de la cohésion territoriale », ou encore concourir au développement durable.
Outre les acteurs « historiques » de l’ESS (associations, mutuelles, coopératives et fondations), peuvent également être inclus dans le périmètre des sociétés commerciales, si celles-ci répondent aux critères énoncés ci-dessus.
Achats socialement responsables
S’agissant plus spécifiquement des associations, qui représentent 80 % des structures du secteur, un titre entier de la loi leur est consacré (organisation, fonctionnement, financement…).
Parmi les principales dispositions, la loi donne pour la première fois une définition de la subvention (art. 59), permettant de sécuriser ce mode de financement, notamment vis-à-vis des collectivités qui ont tendance à privilégier le recours aux marchés publics pour se garantir sur le plan juridique.
Les associations, en particulier celles intervenant dans le champ de l’insertion par l’activité économique, sont également concernées par une disposition qui prévoit qu’une collectivité doit adopter un « schéma de promotion des achats publics socialement responsables » (art. 13) lorsque son montant d’achats publics dépasse un certain seuil. Objectif : inciter à une plus grande utilisation des clauses sociales dans les marchés publics.
Les entreprises et associations agréées auront un accès facilité aux financements, par le biais notamment de la Banque publique d’investissement (BPI), qui doit cibler vers le secteur quelque 500 millions d’euros. À noter également des mesures encourageant le développement du volontariat associatif, pour des missions pouvant aller de six mois à deux ans.
Chiffres Clés
Le secteur de l’ESS compte environ 200 000 structures employant 2 360 000 salariés, soit 12 % des emplois privés. C’est le premier employeur du secteur social (63 % des emplois du secteur).
Source : ministère de l’Économie.
Les entreprises de l’ESS
La loi prévoit la refonte de l’agrément « entreprise solidaire » en agrément « entreprise solidaire d’utilité sociale » (art. 11), permettant notamment aux structures qui en bénéficient de solliciter les fonds de l’épargne salariale solidaire. La plupart des associations du secteur social et médicosocial bénéficient de plein droit de cet agrément, à l’image des entreprises d’insertion, des associations intermédiaires, des ateliers et chantiers d’insertion, des services de l’aide sociale à l’enfance, des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, des régies de quartier, des entreprises adaptées, des établissements et services d’aide par le travail, les associations intervenant auprès des publics en difficulté ou encore des établissements et services accompagnant et accueillant des enfants et des adultes handicapés.
Sommaire du dossier
- Article 01 - ESS : le rôle clé des métropoles se confirme
- Article 02 - « Nous allons proposer dès 2018 un Social Business Act à la française » – Christophe Itier, nouveau Haut-Commissaire à l’ESS et à l’innovation sociale
- Article 03 - Les principales dispositions de la loi sur l’économie sociale et solidaire
- Article 04 - La loi ESS donne une définition de l’utilité sociale
- Article 05 - L’utilité sociale, nouveau critère d’évaluation
- Article 06 - Les coopératives confirment leurs atouts dans la préservation des emplois
- Article 07 - La branche sanitaire et sociale, un poids lourd de l’ESS
- Article 08 - L’Innovation sociale, une nouvelle politique publique ?
- Article 09 - ESS : une représentation à quatre voix
- Article 10 - ESS : trois fonds spécifiques pour sécuriser les financements associatifs
- Article 11 - Économie sociale et solidaire : un mois pour débattre, une loi pour avancer
- Article 12 - Une économie moins sociale avec ses salariés
- Article 13 - Loi « Notre », élections régionales : un Mois de l’ESS sur fond d’inquiétudes
- Article 14 - Loi ESS : la mission d’information parlementaire a rendu le rapport sur son application
- Article 15 - Contrat à impact social, un nouveau canal de financement privé pour les associations
- Article 16 - Le Programme d’investissements d’avenir a rempli son rôle… notamment dans l’ESS
- Article 17 - Qui veut s’occuper de l’économie sociale et solidaire ?
- Article 18 - Financement, fusion, et rôle du Conseil national : 3 points cruciaux pour les CRESS
- Article 19 - Les régions mettent du temps à intégrer l’ESS dans leurs schémas économiques