Le centre communal de santé de Cateau-Cambrésis salarie ses médecins

Bien doté en spécialistes, Le Cateau-Cambrésis (Hauts-de-France) subit comme d’autres, une tendance à la désertification médicale. Pour attirer les jeunes médecins, elle n’hésite pas à les salarier.
En 2007, le centre hospitalier du Cateau-Cambrésis s’est associé à la clinique des Hêtres, à un cabinet d’imagerie médicale et à la maison médicale de garde pour offrir à la population un accès aux soins rapides et une prise en charge de qualité. Bien dotée en spécialistes, la ville dont un tiers des habitants a plus de 60 ans constate, comme d’autres, une tendance à la désertification médicale.
« En 2019, sur six médecins généralistes, deux sont partis à la retraite, un troisième en est très proche et les trois restants ont plus de 50 ans », énumère Anne Quintart, directrice du CCAS et chef de projet du centre communal de santé (1).
Garantie financière
Fin novembre dernier, Serge Siméon, maire (UDI) de la commune, a fait en effet valider par le conseil municipal ce projet qui accueillerait deux ou trois médecins généralistes contractuels (deux ETP), rémunérés par la commune selon la grille tarifaire des praticiens hospitaliers. Brigitte Grenier, maire adjoint aux affaires sociales et dispositifs santé, explique : « Nous savons que les nouveaux venus dans le métier sont plus attirés aujourd’hui par le salariat que par l’activité libérale et qu’ils n’ont plus la même vision du métier qu’il y a trente ans. Les jeunes médecins, surtout les femmes, veulent soigner bien sûr, mais en respectant une qualité de vie ».
Pour minimiser les risques financiers, la mairie s’est portée candidate au dispositif « 400 postes de médecins généralistes dans les territoires prioritaires » (2) afin d’obtenir des financements et une labellisation par l’ARS. « Nous sommes éligibles au volet 2, qui favorise le recrutement de médecins généralistes salariés dans des territoires sous-denses reconnus comme particulièrement atones », précise Anne Quintart. Si le projet est sélectionné, la ville bénéficiera d’un accompagnement financier de l’ARS, sous forme de garantie financière pendant les deux premières années d’activité du médecin, et d’une aide forfaitaire pour son installation et son équipement.
L’ARS considère le Cateau-Cambrésis comme une « zone d’actions complémentaires », moins impactée par le manque de médecins mais qui « nécessite de mettre en œuvre des moyens pour éviter que la situation ne se détériore ».
Tiers payant
Un diagnostic préalable des besoins de la ville a été réalisé en partenariat avec le centre hospitalier. Ce dernier sera également sollicité pour gérer les questions logistiques (facturation et secrétariat) et offrira aux médecins un accès au plateau technique et des échanges avec les praticiens hospitaliers. Les Catésiens et habitants des communes environnantes bénéficieront du tiers payant au centre communal.
Probablement installé à proximité du centre hospitalier, dès la fin de l’année 2019, il fonctionnera du lundi au vendredi, de 8 h à 19 h et les samedis matin. Anne Quintart conclut : « Les médecins ne choisissent pas les villes en milieu rural en premier. Pourtant, on est bien ici ! Il ne nous manque rien, sinon deux médecins… »
« Il se crée une symbiose entre les médecins de spécialité et les médecins libéraux » – Ingrid Minne, directrice de l’hôpital du Cateau
Derrière l’hôpital, se trouve un espace de santé qui accueille des médecins libéraux et des spécialistes. Quand il y a une problématique particulière, ils peuvent échanger avec leurs confrères et prendre rendez-vous avec la même secrétaire. Il se crée vraiment une symbiose entre les médecins de spécialité et les médecins libéraux, qui trouvent des réponses plus facilement que s’ils étaient seuls. Cela permet d’avoir moins de retards de prise en charge, de détecter tôt des pathologies et de faire de la prévention, ce qui manque parfois dans les secteurs ruraux. Être au centre d’un service hospitalier, pouvoir accéder au plateau technique et à la radiologie, c’est un atout pour la population et les médecins. Nous aidons aussi la ville à les recruter. Garder une offre de soins et une première prise en charge, désengorger nos urgences, c’est un défi à relever tous ensemble.
Ordonnance n° 2018-17 du 12 janvier 2018 relative aux conditions de création et de fonctionnement des centres de santé et ses décrets et arrêté d’application du 27 février 2018. - Retourner au texte
Mesure issue de la réforme du système de santé Ma santé 2022. Cf. instruction n° DGOS/DIR/2019/27 du 6 février 2019. - Retourner au texte
Chiffres Clés
- Cateau-Cambrésis (Nord) : 7 300 habitants.
- Membre de la communauté d’agglomération du Caudrésis‑Catésis, 46 communes et 66 000 habitants.
Sommaire du dossier
- Article 01 - La loi Santé mobilise les territoires
- Article 02 - Le centre communal de santé de Cateau-Cambrésis salarie ses médecins
- Article 03 - Les professionnels de santé se réunissent contre la désertification médicale de Lectoure
- Article 04 - La loi Santé s’attaque enfin à la question du local
- Article 05 - Le conventionnement sélectif n’empêche pas les inégalités de santé en Allemagne
- Article 06 - L’ordonnance du docteur Buzyn ne séduit pas les personnels
- Article 07 - Les CPTS, un remède à la crise du système de santé ?
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