Le Relais parental de Gennevilliers offre un lieu de vie au quotidien

Né à Gennevilliers il y a trente-cinq ans, ce dispositif " expérimental" de prévention retient actuellement l’attention du Gouvernement. Sa souplesse répond aux besoins de soutien ponctuel de parents dans le respect du rythme de l’enfant.
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Famille : le soutien à la parentalité cherche sa lisibilité
voir le sommaireL’idée du « Relais parental » (1) est née d’un constat : il est très difficile d’élever un enfant seul, sans soutien des proches ou du voisinage. Une grande maison chaleureuse et familiale pourrait alors permettre aux parents de souffler et de faire face à des difficultés passagères, en confiant leur enfant le temps de s’organiser.
Ce concept a vu le jour en 1985 à Gennevilliers, grâce à des travailleurs sociaux des Hauts-de-Seine qui désiraient proposer un outil de prévention complémentaire à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Premier dispositif de ce type en France, la « Passerelle 92 » s’étoffe d’une deuxième maison en 1989, « La petite passerelle », pour répondre à la demande, notamment des très jeunes enfants. Puis en 1991, un réseau de cinq assistants familiaux vient compléter le service rendu. L’association fusionne ensuite avec La Croix-Rouge en 2012, ce qui lui permet de bénéficier d’une habilitation pour quinze années de fonctionnement.
Rythme familial
Le relais parental est conçu « comme un lieu de vie » pour les enfants, insiste la directrice Sophie Desboves. Au rez-de-chaussée, une grande salle à manger jouxte la cuisine ouverte, ainsi qu’une salle de jeu. À l’étage, se trouvent les chambres des enfants. À l’extérieur, un jardin potager et de vastes aires de jeu… Le rythme familial de la maisonnée, avec ses rituels, est là pour rassurer les enfants. « C’est un lieu souple, reflet du quotidien. Tout le contraire d’une maison d’enfants à caractère social (Mecs) ! », insiste Sophie Desboves. La Passerelle peut accueillir toute l’année, et 24 heures sur 24, des enfants de la naissance à 18 ans. Les horaires sont modulables selon les besoins de la famille.
L’accueil des enfants se fait en dehors de toute mesure judiciaire ou administrative. En 2018, 20 % des parents sont venus d’eux-mêmes à la Passerelle et 40 % y ont été dirigés par les services sociaux. Les autres demandes d’accueil ont des origines diverses : protection maternelle et infantile, ASE, associations… Il s’agit d’un outil de prévention, en complémentarité des partenaires associatifs ou institutionnels..
Dotation globale
Même s’il est financé au titre de la protection de l’enfance, « c’est un lieu de droit commun, tout le monde y a accès », insiste Sophie Desboves. Le contrat d’accueil est d’ailleurs toujours signé avec les parents. « Nous bénéficions d’une dotation globale, et non d’un prix de journée. Il n’y a pas de protocole d’accueil ! Les familles peuvent arriver dans la demi-heure. Nous tenons à garder cette marge de souplesse », ajoute la directrice qui regrette néanmoins le manque de mixité sociale. Le projet de création d’un lieu dédié aux parents, avec des ateliers « ancrés dans la vie quotidienne, dans la simplicité et le concret », sera l’occasion de diversifier le profil des parents, espère-elle.
« Cet accueil gagnerait à être ouvert plus largement » – Camille Lorette, cheffe de projets enfants et familles, La Croix-Rouge
« En répondant au besoin de souffler, le relais parental évite la dégradation de la situation des parents à bout. Mais l’isolement ne concerne pas que les familles monoparentales. Cet accueil gagnerait à être ouvert plus largement. C’est pourquoi nous voudrions obtenir des cofinancements de la CAF. Actuellement, les relais parentaux ne sont financés que par les départements. Sur la dizaine qui existe en France, la Croix-Rouge en gère cinq. Si l’objectif est partout le même, il n’y a pas d’uniformité de fonctionnement. Dans nos relais, nous tenons à l’inconditionnalité de l’accueil, et à l’anonymat des familles. Le Gouvernement vient d’annoncer l’ouverture d’une vingtaine de relais supplémentaires. Nous attendons le contenu des appels à projets pour finaliser un référentiel interne. En parallèle de l’accueil des enfants, nous aimerions faire entrer les parents dans une action de soutien, mais cela nécessite des moyens… »
Contact : La Passerelle 92, 01 47 92 22 65, rp.passerelle92@croix-rouge.fr - Retourner au texte
Chiffres Clés
- Capacité d’accueil : 27 enfants par jour dans les deux maisons, et 13 enfants chez 5 assistantes familiales.
- Nombre de journées d’accueil (jour et nuit) en 2018 : 9 739.
- Dotation globale des Hauts-de-Seine : 1,7 million d’euros en 2018.
- Personnel : 31,3 équivalents-temps plein dont 5 techniciennes d’intervention sociales et familiales (TISF) ; 1 éducateur spécialisé, 1 éducateur de jeunes enfants (EJE).
Sommaire du dossier
- Article 01 - Le soutien à la parentalité cherche sa lisibilité
- Article 02 - Le Relais parental de Gennevilliers offre un lieu de vie au quotidien
- Article 03 - Comment renforcer le soutien à la parentalité ?
- Article 04 - Faillite des « agences de l’enfant » au Royaume Uni
- Article 05 - En Haute-Savoie, le réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents organise la participation
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