Dossiers d'actualité santé social - Page 4
Accueil des tout-petits et inégalités sociales

De plus en plus de voix s’élèvent pour faire de l’accueil de la petite enfance un véritable facteur de réduction des inégalités sociales. Tout d’abord en termes d’équité d’accès : la France offre trop peu de places en accueil collectif, or les familles les plus démunies sont celles qui parviennent le moins à accéder à ce mode d’accueil. Il s’agit ensuite de construire avec les professionnels de la petite enfance un quotidien non discriminatoire, dans la conception des activités avec les enfants mais aussi dans la place accordée aux parents dans une logique de co-éducation. Enfin, l’accueil collectif et le projet pédagogique qui l’accompagne peuvent être des vecteurs de réduction des inégalités pour les enfants qui cumulent les difficultés d’ordre social ou familial.
Mais l’intervention ciblée sur les publics fragiles fait débat. Certains professionnels craignent la stigmatisation, quand les autres défendent le principe de donner plus à ceux qui reçoivent moins. Dans tous les cas, des précautions sont à prendre.
Nouveaux outils et moyens : la loi ESS dope le secteur

L’économie sociale et solidaire (ESS) représente déjà 10% du PIB français et emploie plus de 2 millions de salariés. La loi adoptée le 31 juillet 2014 doit permettre à ce secteur de changer d’échelle et prendre une dimension encore plus importante dans la société.
La notion d’entreprise de l’ESS regroupe dorénavant les acteurs historiques de l’économie sociale, à savoir les associations, les mutuelles, les coopératives et les fondations, mais aussi de nouvelles formes d’entrepreneuriat social : les sociétés commerciales qui poursuivent un objectif d’utilité sociale, et qui font le choix de s’appliquer à elles-mêmes les principes de l’économie sociale et solidaire.
Définie comme un mode d’entreprendre et de développement économique adapté à tous les domaines de l’activité humaine auquel adhèrent des personnes morales de droit privé poursuivant un but autre que le seul partage des bénéfices, exerçant une gouvernance démocratique, et assurant une gestion consistant à ce que les bénéfices soient majoritairement consacrés à l’objectif de maintien ou de développement de l’activité de l’entreprise, l’ESS est désormais encadrée par trois instances de représentation et permet à ses acteurs de bénéficier de nouveaux financements.
Mais cette définition « figée » de l’utilité sociale suscite des réticences chez certaines associations qui redoutent de nouvelles formes de contrôle externe, un alourdissement des tâches de gestion et une normalisation des pratiques faisant obstacle à l’innovation. Vient s’y ajouter la crainte qu’une fois créées, les associations ne soient plus évaluées que pour ce qu’elles produisent et non pour ce qu’elles sont.
Pour la santé, encore une loi

La ministre des Solidarités et de la Santé a présenté le 13 février en conseil des ministres un projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé. Il vise, en complément et en lien avec le plan Ma santé 2022, à réorganiser l’offre de santé dans les territoires, renforcer l’accès aux soins et favoriser les coopérations entre acteurs. Sont envisagées une refonte des parcours de formation et en particulier la suppression du numerus clausus, de nouvelles organisations territoriales pour accélérer le décloisonnement, et l’accélération du déploiement des outils et ressources numériques pour soutenir l’innovation. Les débats ont commencé à l’Assemblée nationale le 26 mars avec l’objectif de voir la loi adoptée avant l’été. Alors que la loi Santé de Marisol Touraine, votée en 2016, est encore toute fraîche, il semble bien que la France peine à dégager un consensus sur les moyens et les objectifs.
La loi Pacte place l’ESS dans l’expectative

Le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises ambitionne selon le gouvernement de donner aux entreprises les moyens d’innover, de se transformer, de grandir et de créer des emplois. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire y ont d’abord vu une opportunité pour lever les freins au développement de leur secteur avant de craindre que le statut des entreprises à mission ne vienne concurrencer leur action. Finalement, l’économie sociale apparaît comme le parent pauvre d’un projet de loi qui consacre surtout « l’ancienne économie » même si des avancées intéressantes concernent par exemple la finance solidaire. Au point d’y voir une occasion ratée.
Dépendance : la filière domicile cherche son écosystème numérique

À l’horizon 2040, les statisticiens annoncent le doublement des personnes âgées dépendantes. Une tendance qui laisse dubitatif sur la capacité des institutions à absorber la demande et des familles à en financer le coût. D’autant que 90 % des Français expriment une préférence pour le maintien à domicile. En cohérence avec la Stratégie nationale de santé où prévention, accès et qualité des soins induisent à penser un écosystème sanitaire dans une logique de parcours, le numérique devient un outil capable de changer l’organisation hospitalo-centrée et de faire sauter les cloisons entre sanitaire et médico-social. Reste à lui trouver un modèle économique et à équilibrer organisation numérisée et facteur humain.
Le travail social en quête de sens

Les critiques émises par les travailleurs sociaux sur le terrain ne cessent de pleuvoir. Paradoxe cuisant, ces derniers pointent, à l’heure où la participation des publics aux dispositifs qui les concernent est à la mode, une difficulté à participer et à se faire entendre, une focalisation sur le coût du travail social, un mélange des genres et une réforme des diplômes préjudiciables au sens même du travail social.
Au-delà des questions de postures, de pratiques ou d’éthique, les travailleurs sociaux rappellent le manque de moyens chronique et croissant qui entrave l’accomplissement de leurs missions. L’augmentation de la charge de travail nuit à la qualité de l’accompagnement, fondé sur le lien, la confiance et donc, le temps.
Loi vieillissement : une tentative d’adapter la société au grand âge

Longtemps attendue, la loi vieillissement a finalement été adoptée en décembre 2015. « Impératif national » et « priorité de l’ensemble des politiques publiques de la Nation » selon les termes du 1er article, le texte prévoit notamment une revalorisation de l’allocation personnalisée d’autonomie, un « droit au répit » pour les aidants et donne un cadre légal aux maisons départementales de l’autonomie (MDA). Les financements seront-ils au rendez-vous ? Quel sera l’impact du texte sur les pratiques professionnelles ? Notre dossier décrypte l’ensemble des enjeux et débats liés au vieillissement et la dépendance.
Intercommunalité sociale : l’anarchie organisée

Le nouveau partage de compétences acté par la loi Notre, l’essor des métropoles (loi Maptam), le développement des processus de contractualisation à l’échelle des territoires que l’on retrouve par exemple dans la loi Santé ou dans la loi d’adaptation de la société au vieillissement interrogent le rôle de chaque collectivité. Faut-il tendre vers un modèle d’organisation unique pour assurer une égalité de traitement aux bénéficiaires de l’action sociale ? Si le mythe égalitariste semble avoir fait son temps, trouver la bonne échelle et tendre vers plus d’homogénéité dans la distribution de l’aide sociale n’est pas seulement une injonction financière mais une façon de mieux répondre aux besoins.
PLF et PLFSS 2019 : les projets de loi de finances doivent mettre en musique la stratégie gouvernementale

Présenté le 25 septembre, le projet de financement de la Sécurité sociale pour 2019 bénéficie d’un contexte plutôt favorable. Le désendettement se poursuit et la dette pourrait être apurée d’ici à 2024. Le gouvernement entend néanmoins maintenir le cap et annonce une réforme globale du système de prestations sociales. Côté loi de finances, le gouvernement affiche également un objectif de réduction de la dette de cinq points de PIB, la dépense publique de 3 points et les prélèvements obligatoires d’1 point. Ces deux projets ont vocation à mettre en œuvre les orientations décidées dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et de la stratégie de transformation du système de santé, toutes deux présentées en septembre.
La Cour des comptes gendarme les dépenses publiques

Rendu public pour la première fois en 1832, le rapport annuel de la Cour des comptes constitue un moyen privilégié pour faire connaître les travaux de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes, ainsi que les enseignements à en tirer. Chaque année, il couvre un très large champ de l’action publique pour en identifier les progrès et les réussites et les risques à maîtriser. Il met en outre l’accent sur des domaines particuliers structurels ou en lien avec l’actualité. Parfois accusé d’une trop grande orthodoxie financière, il met régulièrement l’accent sur la maîtrise des dépenses publiques et appelle le gouvernement et les administrations publiques locales à réduire leurs déficit.